RESTAURATION
Deux bornes kilométriques restaurées ◼
Publié le 05 mai 2025
Par Stéphane

Après dix ans passés à l'extérieur dans le jardin familial, il était temps de redonner vie à deux bornes kilométriques. Il s'avérait donc essentiel de les rafraîchir afin de préserver ce patrimoine. Cette restauration, réalisée en août 2024, constitue d’ailleurs ma première expérience en la matière !
"Nationale 7, il faut la prendre, qu'on aille à Rome, à Sète". De nos jours, les bornes kilométriques des routes départementales et anciennes nationales bordent encore les chemins de traverses. Elles font partie de l’imaginaire collectif, symbolisant le voyage et le désir d’évasion sur la route des vacances.
Deux bornes, deux époques, deux histoires ◼
Autrefois en pierre ou en béton, ces repères routiers sont progressivement remplacés par des plaques en aluminium ou des bornes en plastique. Ces nouvelles bornes sont plus légères, plus faciles à transporter et à installer. Cependant, certaines sont encore préservées pour leur valeur historique et patrimoniale, (bornes de la Voie Sacrée ou de la Voie de Liberté).
Tous les chemins mènent à Rome !
Les bornes kilométriques ont fait leur apparition le long des routes et chemins dès l'Antiquité. Conçues par les Romains, les "bornes milliaires" avaient pour fonction d'indiquer les distances entre les principales villes de l'Empire. Il s’agissait de colonnes cylindriques en pierre mesurant jusqu’à quatre mètres de haut !
Ces signaux sont équipés d'un cartouche d'identification qui précise le type de route (route nationale, départementale…) et son numéro ("RN6", "RD606" par exemple). Elles comportent également un repère kilométrique "PK" (tel que "►17", "►105,9"), offrant ainsi une localisation géographique précise pour les conducteurs, les agents des routes et secours.
Les deux bornes kilométriques restaurées sont nettement différentes et chacune témoigne de son époque. Elles sont fabriquées à partir de matériaux différents. Les informations qu'elles fournissent ne sont pas apposées de la même manière, en fonction de leur période de fabrication.
Borne kilométrique D21 ◼



Cette borne était installée sur la commune de Châtel-Censoir, sur la RD21, qui relie Coulanges-sur-Yonne à Asquins, dans le département de l’Yonne, au point kilométrique 7. Elle est encore visible sur Google Street View en juillet 2013.
Matériau de construction : pierre
Datation de fabrication : fin du XIXème, début du XXème siècle
Positionnement face à la chaussée : parallèle à la route
Données indiquées ◼
Face avant- “Chemin de Grande Communication n°21” (gravé)
- la commune sur laquelle est implantée “Châtel-Censoir” (gravé)
- le point kilométrique “7” ajouté ultérieurement (peint)
- un cartouche jaune et le nombre “21” ajoutés ultérieurement lors du classement en route départementale 21 (peints)
- les noms et les distances jusqu’aux communes les plus proches “Coulanges-sur-Yonne 7,6 km”, “Châtel-Censoir 7,1 km” (gravés)
- aucune mention puisque ces bornes étaient implantées de manière parallèle à la route
Borne kilométrique D944 ◼



Cette borne était installée sur la RD944, qui relie Château-Chinon à Troyes, entre les départements de la Nièvre, de l’Yonne et de l'Aube (RD444). Le point kilométrique n’est pas clairement identifiable (peut-être 37…).
Les multiples couches de peinture indiquent que la borne a été repeinte à plusieurs reprises. La couche initiale était rouge, marquant la RN444 jusqu’en 1972, avant son déclassement en route départementale.
Matériau de construction : béton
Datation de fabrication : XXème siècle
Positionnement face à la chaussée : perpendiculaire à la route
Données indiquées ◼
Face avant-arrière- un cartouche jaune et le nombre “944” pour route départementale 944 (peints)
- un point kilométrique illisible (peint)
Restauration ◼



Le matériel ◼
Novice dans le domaine de la restauration de bornes kilométriques et de la peinture, après plusieurs recherches et réflexions, j’ai pu établir une liste des outils et produits nécessaires pour redonner un coup de fraîcheur à ces deux signaux qui pèsent leur poids.
- une feuille de papier calque
- une feuille de papier cartonnée type Canson
- un crayon à papier
- une règle
- du ruban adhésif
- une paire de ciseaux
- un morceau de carton
- de l’eau (ici, de l’eau de récupération)
- une éponge
- un arrosoir
- du ruban de masquage
- des pinceaux et rouleaux aux brosses variées (achetés en magasin de bricolage)
- de la peinture jaune béton/pierre pour l’extérieur (couleur “Flemish Tapetry” L11D de la marque Good Home de chez Castorama)
- de la peinture noire béton/pierre pour l’extérieur (couleur “Melrose Abbey” WD14D de la marque Good Home de chez Castorama)
- de la peinture blanche béton/pierre pour l’extérieur (entrée de gamme Good Home de chez Castorama)



Au départ, mon idée était de me procurer des peintures aérosols spécialement conçues pour la signalisation routière. Cependant, leur coût était très élevé. La situation était similaire pour les pots de peinture, où l'achat imposait une grande quantité, bien trop importante pour mon projet de restauration. J'ai donc opté pour une enseigne de bricolage, où j'ai trouvé des pots de plus petite contenance, de 230 mL. Au total, cela m'a coûté une trentaine d'euros.
Jour 1 : Conservation des inscriptions visibles ◼
Avant de commencer la restauration et de repeindre les bornes en blanc et jaune, il est essentiel de créer des pochoirs pour reproduire fidèlement les caractères présents (comme "944", "21", "7", etc.). Pour ce faire, j'ai décalqué les inscriptions à l'aide d'un papier calque très fin, afin d'assurer une reproduction exacte.
Précisons aussi que j’ai pris la décision d’apposer un nouveau PK sur la borne de la RD944. Bien que l'ancien soit présent, il était illisible. C’est pourquoi j’ai choisi le numéro 37 qui me semblait être le plus adéquat. J’ai ensuite reproduit le symbole de la flèche et le nombre sur ordinateur, avant d’en créer un pochoir.
Enfin, pour la dernière étape, j'ai découpé l’ensemble des symboles qui serviront à retracer les caractères sur les faces des deux bornes kilométriques. Cette découpe précise, réalisée à l'aide d'une paire de ciseaux, permettra d’appliquer les pochoirs lors de l’étape finale, assurant ainsi une reproduction aussi nette et exacte que possible de toutes les inscriptions.



Jour 2 : Application de la peinture blanche ◼
Avant de commencer les étapes de peinture, la mousse présente sur les deux bornes a été retirée, puis un lavage à l’eau a été effectué. Un ponçage léger a ensuite été réalisé pour permettre à la peinture d’adhérer correctement à la surface. Pour la borne de la RD944, j’ai choisi de ne pas trop poncer le cartouche afin de préserver une trace du rouge d'origine.



Enfin, du ruban de masquage a été posé pour éviter les coulures avant d’appliquer une première couche de peinture blanche. Après avoir laissé sécher, une seconde a été ajoutée, et ainsi de suite jusqu'à en obtenir trois. L’application a été réalisée à l’aide d’un rouleau et j’ai finalisé avec un pinceau afin de bien peindre les cavités du béton et de la pierre.




Jour 3 : Application de la peinture jaune ◼
Après avoir peint en blanc la veille et laissé sécher toute la nuit, j'ai procédé à l’application du jaune en suivant exactement le même processus, jusqu'à obtenir trois couches. Comme pour la peinture blanche, l'application a été réalisée à l’aide d’un rouleau. Un pinceau a été utilisé pour atteindre les zones difficiles d'accès.




Jour 4 : Reproduction des caractères ◼
La dernière étape, sans doute la plus importante pour que les usagers de la route se repèrent, est la réfection des caractères des deux bornes.
Pour la RD21, il est nécessaire de peindre les caractères gravés, un par un. Cette tâche demande patience et minutie pour éviter les coulures. Imaginez-vous à l’époque, lorsqu’il fallait réaliser cette opération borne après borne ! Pour la RD944, la reproduction des motifs a été réalisée à l’aide du pochoir et d’un crayon de papier, avant de peindre les symboles en noir.
Une fois les bornes complètement sèches, le lendemain, j'ai remis la terre autour, permettant ainsi à la végétation de repousser et de redonner un aspect champêtre à cet environnement.



Après restauration ◼
En conclusion, cette rénovation des deux bornes kilométriques marque la fin d’un premier projet pour moi. Ce fut une expérience enrichissante, mêlant recherches, découvertes et techniques de restauration. Bien que novice dans ce domaine, le résultat final est à la hauteur de mes attentes : deux bornes qui ont retrouvé leur éclat d’antan !











